Excuses pour la réinstallation d’Inuit dans l’Extrême Arctique

Notes pour le discours de L’honorable John Duncan, c.p., député, ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien et interlocuteur fédéral auprès des Métis et des Indiens non inscrits, lors de la présentation des excuses pour la réinstallation d’Inuit dans l’Extrême Arctique

Le 18 août 2010 – Inukjuak (Nunavik)

Priorité au discours prononcé


Mesdames et messieurs, aînés, dirigeants inuits et, tout particulièrement, ceux d’entre vous qui ont été touchés directement par la réinstallation; je vous remercie d’être ici.

Il s’agit de mon premier voyage dans le Nord à titre de ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, et je suis très honoré d’être présent à l’occasion de cet événement historique.

Vous vous souviendrez que mon prédécesseur, le ministre Strahl, avait lui aussi effectué son premier voyage à titre de ministre au Nunavik. En effet, il avait participé au sommet Katimajiit à Kuujjuaq, et ce, il y a presque exactement trois ans.

Je connais le Nord et je me réjouis à l’idée de m’y rendre régulièrement et de travailler en étroite collaboration avec les collectivités et les organisations inuites pendant mon mandat.

Près d’un demi-siècle s’est écoulé depuis la réinstallation d’Inuit de cette communauté dans l’Extrême-Arctique. Je suis ici au nom du premier ministre du Canada, du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens pour présenter des excuses pour ces événements.

La cérémonie d’aujourd’hui marque une étape importante vers la guérison et la réconciliation. Je vous prie d’accepter les excuses que je présenterai au nom de tous les Canadiens. J’espère qu’elles constitueront la base d’une relation plus solide avec le gouvernement du Canada.

Au nom du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens, nous aimerions présenter des excuses complètes et sincères aux Inuit pour la réinstallation de leurs familles d’Inukjuak et de Pond Inlet à Grise Fiord et à Resolute Bay dans les années 1950.

Nous tenons à exprimer notre grande tristesse à l’égard de la souffrance extrême éprouvée par les personnes réinstallées et des difficultés qu’elles ont dû surmonter. Ces personnes ont été retirées de leur collectivité de résidence et de leur famille élargie et envoyées à plus de mille kilomètres. On ne leur a pas fourni les logements et les fournitures dont elles avaient besoin, et on ne leur a pas bien expliqué à quelle distance se trouvait leur collectivité d’accueil ni dans quelle mesure cette dernière serait différente d’Inukjuak. Elles ne savaient pas qu’elles allaient devoir s’établir dans deux collectivités séparées lorsqu’elles arriveraient dans l’Extrême‑Arctique. De plus, le gouvernement n’a pas respecté sa promesse de ramener ces personnes dans leur ancienne demeure si elles ne voulaient pas rester dans l’Extrême‑Arctique.

Le gouvernement du Canada regrette profondément les erreurs qu’il a faites et les promesses qu’il n’a pas tenues durant ce sombre chapitre de notre histoire, et il est désolé que la réinstallation dans l’Extrême‑Arctique ait eu lieu. Nous aimerions rendre hommage aux personnes réinstallées pour leur persévérance et leur courage. Malgré leur souffrance et les difficultés qu’ils ont dû surmonter, les personnes réinstallées et leurs descendants sont parvenus à créer des collectivités dynamiques à Grise Fiord et à Resolute Bay. Le gouvernement du Canada reconnaît que ces collectivités ont contribué à établir une présence canadienne marquée dans l’Extrême‑Arctique.

La réinstallation de familles inuites dans l’Extrême‑Arctique est un chapitre tragique de l’histoire du Canada. Nous ne devons pas oublier cette partie de notre histoire; nous devons la reconnaître et en tirer des leçons, que nous transmettrons ensuite à nos enfants. Le fait de reconnaître notre histoire commune nous permet d’avancer en partenariat dans un esprit de réconciliation. Le gouvernement du Canada et les Inuit ont accompli beaucoup de grandes choses ensemble, et tous les Canadiens bénéficient des contributions de ce peuple à notre culture et à notre histoire. Nous devons continuer de resserrer nos liens et d’approfondir notre compréhension et notre respect. Nous devons bâtir ensemble un Inuit Nunangat plus solide, plus sain et plus dynamique, ce qui nous permettra en retour de bâtir un Canada également plus solide, plus sain et plus dynamique.

Le gouvernement du Canada espère que ces excuses contribueront à la guérison de ces blessures, qui ont été causées par des événements remontant à près de soixante ans, et aideront à tourner la page sur ce triste chapitre de l’histoire du Canada. Que ces excuses consolident le fondement sur lequel le gouvernement et les Inuit s’appuieront pour voir ensemble à ce que le Grand Nord demeure une région forte et libre.